Il existe plusieurs manières d’aider nos contemporains à réfléchir aux conséquences radicales pour notre société de l’autorisation de l’aide au suicide, de manière passive a fortiori de manière active. Il y a le rapport à la vie et à la mort, à la violence et à la douceur, le rapport à la douleur et à la souffrance, la sienne et celle d’autrui, mais aussi le rapport à la vieillesse, la solidarité entre les générations, le rapport au handicap, le rapport à la maladie psychique, le rapport aux métiers du soin et de l’aide à la personne… Tous ces aspects modifieront en profondeur nos rapports sociaux dans la société française.
J’aimerais ici souligner un point qui fait le lien entre plusieurs aspects et qui est au fondement de notre société française : les droits de l’homme, et leur version chrétienne incluant la relation à Dieu.
L’idée même de droits de l’homme repose sur la conviction que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », et de ce principe découlent des conséquences immédiates telles que « sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de religion, d’opinion politique ou de toute autre situation ». Première remarque : cette déclaration est universelle et ne souffre d’aucune exception, sous peine de remettre l’ensemble en question. Si je remets en question les droits d’une catégorie de personnes, alors j’autorise la remise en question des droits d’autres personnes. Les personnes qui revendiquent des droits particuliers pour leur catégorie sont également exposées à ce risque. Deuxième remarque : les droits de l’homme s’appliquent à chaque individu, indépendamment de son ressenti et de son avis. C’est sur ce fondement que la loi m’oblige, pour l’instant encore, à empêcher une personne suicidaire de sauter d’un pont pour l’en dissuader, mais aussi à la protéger contre sa volonté, ou à mettre un enfant en sécurité sur des rails de train, même contre son gré.
Ces deux remarques, et leurs corollaires dans l’esprit de beaucoup et dans les lois, suppriment donc toute référence objective possible en France aux droits de l’homme. Tout excès, y compris les pires, pourront être justifiés, soit parce que les droits ne s’appliqueraient pas à tout être humain, soit parce que l’individu aurait le droit de refuser de s’appliquer à soi les droits de l’homme. À nous de mettre en valeur la VIE, à la suite de Mère Térésa :
La vie est beauté, admire-la, la vie est félicité, profites-en.
La vie est un rêve, réalise-le. La vie est un défi, relève-le.
La vie et un devoir, fais-le. La vie est un jeu, joue-le.
La vie est précieuse, soigne-la bien. La vie est richesse, conserve-la.
La vie est amour, jouis-en. La vie est un mystère, pénètre-le.
La vie est une promesse, tiens-la. La vie est tristesse, dépasse-la.
La vie est un hymne, chante-le. La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, lutte avec elle. La vie est une aventure, ose-la.
La vie est bonheur, mérite-le. La vie est la vie, défends-la.me.
P Samuel Peillon, curé