Saint Paul exhortait les chrétiens de Rome avec ces mots : « Ne ralentissez pas votre élan, restez dans la ferveur de l’Esprit » (Rm 12, 11). On pourrait objecter : « Mais, cher Paul, c’est bien là que réside le problème ! Comment passer de la tiédeur à la ferveur… ? » … Nous sommes héritiers d’une spiritualité qui concevait le chemin de la perfection selon les trois étapes classiques : la voie purgative, la voie illuminative et la voie unitive. En d’autres termes, on doit pratiquer le renoncement et la mortification pendant longtemps avant de pouvoir éprouver de la ferveur…
Selon le Nouveau Testament, …si la mortification est nécessaire pour parvenir à la ferveur de l’Esprit, il est tout aussi vrai que la ferveur de l’Esprit est nécessaire pour arriver à pratiquer la mortification. Une ascèse entreprise sans une forte impulsion initiale de l’Esprit serait un effort mortel, et ne produirait rien d’autre que la « vantardise de la chair ». L’Esprit nous est donné pour que nous puissions nous mortifier, plutôt que comme une récompense pour nous être mortifiés. « Si par l’Esprit vous faites mourir les œuvres du corps, vous vivrez » (Rom 8,13). Cette deuxième voie, qui va de la ferveur à l’ascèse et à la pratique des vertus, est celle que Jésus fit suivre à ses Apôtres… (…)
Nous avons donc aussi la possibilité de puiser l’Esprit par cette voie nouvelle, dépendant uniquement de la souveraine et libre initiative de Dieu. L’une des façons dont se manifeste de nos jours l’Esprit en dehors des canaux institutionnels de la grâce est ce qu’on appelle le « Baptême dans l’Esprit ». Je le mentionne ici sans aucune intention de prosélytisme, mais pour répondre à l’exhortation que le Pape François adresse souvent à tous ceux du Renouveau charismatique catholique de partager avec tout le peuple de Dieu ce « courant de grâce » que l’on vit dans le Baptême de l’Esprit.
L’expression « Baptême dans l’Esprit » vient de Jésus lui-même. Faisant référence à la Pentecôte toute proche, avant de monter au ciel, il a dit à ses Apôtres : « Alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours » [9] . C’est un rite qui n’a rien d’ésotérique, mais se compose plutôt de gestes d’une grande simplicité, calme et joie, accompagnés d’attitudes d’humilité, de repentir, de disponibilité à devenir des enfants.
C’est un renouveau et une actualisation non seulement du baptême et de la confirmation, mais de toute la vie chrétienne : pour les époux, du sacrement de mariage ; pour les prêtres, de leur ordination sacerdotale ; pour les personnes consacrées, de leur profession religieuse. La personne concernée s’y prépare, ainsi que par une bonne confession, en participant à des rencontres de catéchèse au cours desquelles elle est remise dans un contact vivant et joyeux avec les principales vérités et réalités de la foi : l’amour de Dieu, le péché, le salut, la vie nouvelle, la transformation dans le Christ, les charismes, les fruits de l’Esprit. Le fruit le plus fréquent et le plus important est la découverte de ce que signifie avoir « une relation personnelle » avec Jésus ressuscité et vivant. Dans la conception catholique, le baptême dans l’Esprit n’est pas un point d’arrivée, mais un point de départ vers la maturité chrétienne et l’engagement ecclésial.(…) Le « baptême dans l’Esprit » s’est révélé être un moyen simple et puissant de renouveler la vie de millions de croyants dans presque toutes les églises chrétiennes.